Droit au Coeur
Yves Laporte
« Le monde des hypersensibilités
me fait découvrir un peu plus à
chaque jour son ampleur, autant
par la discrétion du phénomène
que par le poids qu’il fait supporter
à ses victimes. »
Mon expérience dans le milieu des hypersensibilités
Je suis un artiste qui s’est toujours impliqué dans la cause environnementale,
depuis que j’ai compris que la nature, que j’aime
tant, était menacée par la pollution. En choisissant les études
de gestion environnementale pour entreprendre un tournant
dans ma carrière, le métier m’a semblé fort motivant; alors j’ai
choisi de démarrer mon expérience professionnelle dans ce milieu
par la santé environnementale. Le bureau de l’ASEQEHAQ
est situé à Dollard-des-Ormeaux et j’y évolue à titre de
stagiaire sous la supervision de Mme Smith qui souffre d’hypersensibilité
environnementale (qui a été déclenché par une exposition
aux pesticides) une condition médicale qui peut causer
une incapacité.
Mme Smith m’a prévenu que mes habitudes de toilette devaient
convenir aux exigences de l’organisme. Les différentes consignes
à cet effet permettent d’éviter divers malaises pour les personnes
avec qui j’aurais à travailler, et pour Mme. Smith elle même.
Mais je ne m’attendais pas à des exigences d’une telle
sévérité.
Tout d’abord, Mme Smith m’a demandé de n’utiliser
aucun parfum ni produit chimique (tels que des détergents
régulier, ou assouplisseurs de vêtements)
pour me présenter à l’entrevue. Je ne porte plus de
parfum depuis quelque temps. Aussi j’avais commencé
à utiliser un savon pour les mains et la lessive
plus écologique. D’après moi tout était conforme
pour me présenté au bureau. Mais ce n’était pas suffisant…
Lors de ma première journée à l’association en novembre,
on m’a prié d’enlever mes bottes, de mettre
mon manteau dans le garage qui est devenu chambre
d’aération. On m’a demandé de me laver les
mains avec du savon de marque ‘Druide’, qui est
l’une des rare marques de savon naturel au Québec.
Mme Smith m’a avisé que je devais suivre ces procédures
chaque fois que je venais au bureau. Spécialement
le lavage des mains. Il semblerait que les produits
éco dont je me servais à la maison contenaient
des contaminants qui pouvaient occasionner des
symptômes douloureux et variés pour une personne
souffrant d’hypersensibilité.
En entrant dans le bureau je remarque un cylindre
métallique parmi les ordinateurs et l’équipement de
bureau. J’appris plus tard qu’il contenait de l’oxygène
et que Mme Smith s’en servait pendant la journée
chaque fois qu’elle se sentait malade, qui parfois
inclut des problèmes respiratoires.
Un jour alors qu’elle entrait dans le bureau, elle est
devenue souffrante immédiatement. Elle continua
tout de même à travailler car nous avions un travail
important à compléter. Je m’apercevais que c’était
de plus en plus difficile pour elle de travailler. Et
nous ne pouvions pas trouver la source qui provoquait
ces réactions qui comprenaient des éruptions
cutanées, des contusions, de la douleur et de la fatigue.
Ce n’est que plus tard lorsque je sortis mon journal,
que nous avons identifié le déclencheur – l’encre de
mon journal. Elle réagissait à l’encre. Le journal fut
immédiatement envoyer dans la chambre d’aération.
Cet épisode fut mon initiation à la réalité des hypersensibilités
environnementales. J’ai vite réalisé
que les effets sur la santé étaient complexes et que
des produits qui m’étaient inoffensifs déclenchaient
chez une personne atteinte de cette condition des
symptômes douloureux et incapacitants. Les rares
fois que Mme Smith va au super marché ou autres
magasins. C’est une épreuve car elle doit subir la
toxicité de l’environnement tout en décidant quels
produits sont sécuritaires à acheter. Une erreur
peut provoquer des semaines de souffrance.
Chaque jour j’en apprends plus au sujet des personnes
qui souffre d’hypersensibilité environnementale
et les difficultés aux quelles ils font face.
Le bureau reçoit régulièrement des appels à l’aide
de partout au Québec. Ces appels proviennent de
personnes de tout âge hommes ou femmes. Leurs
histoires sont les mêmes. Ils sont souvent désespérés.
Ils sont malades souvent depuis plusieurs années
et personne n’a pu les aider. Souvent leurs histoires
sont tragiques. Ils ont entendu parler de l’Association
par un ami, un parent, docteur, infirmière
ou par recherche internet. Toutes ces situations
sont traitées de façon calme et professionnelle. Plusieurs
heures sont dépenser à écouter les problèmes,
à trouver des solutions, des ressources, médecins
(malheureusement seulement hors Québec)
aussi à poster de l’information, à écrire des lettres à
des décideurs et même des médecins.
Cette ligne téléphonique pour aider les gens souffrant
d’hypersensibilité environnementale est unique
au Québec. J’ai appris que tout ce travail était
fait uniquement par des bénévoles.
C’est très difficile pour ces personnes puisqu’un environnement
toxique fait parti du quotidien
Les gens en bonne santé laissent à Santé Canada le
soin d’évaluer le seuil acceptable de toxicité dans la
plupart de nos produits de consommation. Personne
ne s’en plaint car lorsqu’on est en bonne santé, on
ne peut ressentir de façon violente les effets dévastateurs
que les produits chimiques nous infligent.
En fait, on se sent relativement fatigué à tous les
jours et on trouve cela normal.
Depuis que je passe plusieurs heures par semaine au bureau de l’association, je reviens du travail beaucoup
plus en forme qu’à l’habitude et je dors mieux. C’est que je travaille dans un environnement sain, et j’en tire
des effets bénéfiques. Toutes les dispositions que prend le bureau de l’association rend l’air de meilleur qualité
pour les poumons et aussi pour le reste du corps.
Alors je me questionne, pourquoi les humains modernes se sont-ils astreint à s’entourer de matière toxique?
Voici un débat de longue haleine, mais on peut synthétiser la problématique comme suit: en s’exposant aux
éléments toxiques à des niveaux dangereux à long terme mais imperceptibles en un court laps de temps,
nous avons rendu ces poisons socialement acceptables.
Doit-on continuer à tolérer ces choses qui taxent notre qualité de vie?
Tiré du site présenté ci bas.
http://www.aeha-quebec.ca/ma_wwd/newsletters/newsletter_fr_web_avr09.pdf